Jacques-Edouard Morris, An X1859 (aged 57 years)

Name
Jacques-Edouard /Morris/
Given names
Jacques-Edouard
Surname
Morris
Type of name
birth name
Nickname
Edouard
Name
Edouard /Morris/
Type of name
also known as
Given names
Edouard
Surname
Morris
Birth
Prairial 7, An X (May 27, 1802) 29 26
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
Citation details: Tableau V
Text:

Edouard-Jacques
né le 27 mai 1802

Citation details: 4 E 2267 Rouen - 22/03/1802-17/09/1802 - Rouen - Registres Etat Civil - Naissances (151/215)
Occupation
Inspecteur des télégraphes
Text:

Notice biographique Édouard Morris

Nous avons à enregistrer encore une perte cruelle que vient de faire l'administration des lignes télégraphiques, celle de M. Morris inspecteur général des lignes télégraphiques, mort subitement Alger, le 21 octobre dernier. M. Boyer a bien voulu se charger de rappeler la vie et les travaux de M. Morris, dans une notice qui sera accueillie avec reconnaissance par tous ceux qui l'ont connu
Par un arrêté ministériel en date du 16 novembre dernier M. Morris (Édouard), fils de l'inspecteur général dont nous venons d'annoncer la mort, a été nommé élève inspecteur des lignes télégraphiques. E.-E. Blavier
NOTICES BIOGRAPHIQUES.
M. MORRIS,
Inspecteur général des lignes télégraphiques.
Un de nos inspecteurs généraux les plus estimés, non moins distingué par l'élévation du caractère et la noblesse des sentiments que par la supériorité du grade, vient d'être enlevé, par une mort prématurée, à l'administration des lignes télégraphiques, qu'il avait longtemps honorée par de bons et loyaux services. Chargé d'aller inspecter, avec son collègue M. Berrier-Fontaine, la télégraphie d'Algérie, M. Morris avait à peine touché le sol d'Afrique, qu'il ressentit les premières atteintes du mal qui devait avoir un dénouement si prompt et si fatal. Débarqué le 20 septembre à Alger, il y succombait, le 21 octobre suivant, à une attaque d'apoplexie foudroyante, après plusieurs jours de souffrance.
Beaucoup d'employés, actuellement en activité, ont connu M. Morris. Les fonctions élevées qu'il avait remplies dans ces derniers temps, à Marseille et ensuite à Amiens, les deux centres les plus considérables des directions principales, lui avaient procuré l'occasion d'entrer en relation avec un grand nombre d'entre eux, chez lesquels son souvenir restera certainement respecté. Mais il n'appartient qu'à ceux de ses contemporains qui ont pu le suivre dans les diverses phases de sa longue et honorable carrière d'apprécier la valeur et l'importance de ses services. Uni d'amitié, pendant près de trente ans, avec M. Morris, nous considérons comme un devoir pieux à rendre à sa mémoire
de retracer ici les titres principaux qu'il a laissés à l'estime de ses collaborateurs.
M. Morris (Jacques-Édouard) était né à Rouen, le 27 mai 180», d'une famille honorable du commerce. Son père avait exercé pendant plusieurs années, sous le premier empire, les fonctions de président du collège électoral de l'un des cantons de Rouen. Peu de temps après sa sortie du lycée de cette ville, M. Morris fui nommé, le 1er avril 1823, surnuméraire inspecteur du télégraphe. Il apportait au service de l'administration les connaissances acquises par une bonne éducation, un grand sentiment de ses devoirs, et une vivacité de dévouement, que l'âge depuis n'avait pu refroidir. Il ajoutait à ces avantages une activité infatigable, une constitution robuste et beaucoup de force de corps, qualités qui avaient leur prix dans un temps ofi lés inspecteurs étaient soumis à de longues et pénibles tournées. MM les frères Chappe tenaient alors le gouvernail de l'administration des lignes télégraphiques dans leurs puissantes mains. L'ardeur de M. Morris, son application, la loyauté de son caractère, son énergie ne pouvaient manquer de leur convenir. Après un surnumérariat de plusieurs mois, il fut chargé, en 1825, successivement des fonctions d'inspecteur intérimaire sur la 1TM division de Brest et sur la 8' de Toulon. Il s'acquitta de ces deux intérims avec l'intelligence et l'exactitude qu'on devait attendre de lui. La récompense ne se fit pas longtemps désirer. Le 1" novembre 1825, il fut nommé inspecteur titulaire de la 6r division de la ligne de Toulon. Dans ces importantes fonctions* qui se rattachaient alors à de hautes questions scientifiques, par l'optique, la lumière, la réfraction, le mirage, la météorologie, la mécanique, la trigonométrie, et par d'autres points, M. Morris déploya toutes les ressources d'un esprit actif et infatigable. Par des tournées fréquentes et prolongées, il tenait sans cesse ses employés en haleine, et leur imprimait cette crainte salutaire qui était à culte époque la garantie du service des lignes. Mais hâtons-nous d'ajouter qu'à travers la sévérité du fonctionnaire se montrait toujours le naturel de l'homme bon et généreux. Le mérite respectif des divisions s'établissait
alors par le tableau comparatif des fautes de transmission provenant de chacune d'elles : signaux dénaturés, perdus ou introduit», tel était l'écueil dangereux qu'il fallait éviter. Grâce à sa vigilance et à l'autorité qu'il exerçait sur ses employés, M. Morris parvint toujours à maintenir sa division dans les premiers rangs, quant aux transmissions.
Le 1" septembre 1828, à la suite d'une grave maladie, il fut appelé à l'inspection de la 7e division de la ligne de Bayonne, qui s'étendait sur une partie des landes de cette contrée. Mais voulant donner un emploi plus utile à ses services, l'administration le nomma, le 1er mai 1830, à l'inspection de la A' division du la ligne de Toulon, avec mission expresse d'y rétablir l'ordre et la régularité que son prédécesseur avait peut-être trop négligés. Cette division, dont tous les postes avaient été établis sur des montagnes élevées du»Lyonnais, du Beaujolais et du Charolais, était d'un parcours difficile. L'élévation de ces postes, leur éloignement des habitations et diverses causes locales, qui mettaient souvent obstacle à la visibilité, en faisaient un objet de terreur pour les inspecteurs. Toutes ces difficultés ne purent triompher de l'activité de M. Morris, qui, en peu de temps, parvint à mettre le service sur un bon pied.
M. Morris occupait cette inspection, dont |p siège était à Lyon, quand éclatèrent à Paris les événements de juillet 1830. C'est ici le lieu de rappeler un acte de courage qui lui fit alors beaucoup d'honneur. Surexcitée par les événements qui se passaient à Paris, la population de Lyon s'était rassemblée en tumulte sur la place de l'hôtel de ville, dans lequel s'étaient renfermées les autorités civiles et militaires, et que défendait la force armée. Un conflit était sur le point d'éclater. Le piéton, porteur de la dépêche annonçant l'issue des événements, avait été plusieurs fois repoussé et menacé par la troupe, qui avait pour consigne de ne laisser pénétrer personne dans l'hôtel de ville, M. Morris s'empara alors de la dépêche et, s'ouvrant un passage à travers la foule jusqu'au commandant de la troupe, il lui déclara hautement qu'il le rendait responsable du sang qui pouvait être versé, s'il lui refusait l'entrée de l'hôtel de ville où l'appelait une mission des plus importantes. Après quelques instants d'hésitation, le commandant fit accompagner M. Morris par quatre soldats jusque dans la salle où étaient réunies les autorités, auxquelles il remit la dépêche annonçant la fin de la lutte et la proclamation de la lieutenance générale. Cette dépêche fit l'effet d'un coup de foudre. La nouvelle s'en répandit rapide comme l'éclair, et les mêmes hommes qui, l'instant avant, étaient sur le point de s'entre-tuer, s'embrassèrent fraternellement. Ce jour-là M. Morris avait rendu un grand service à la ville de Lyon.
Le but de M. Morris était de se rapprocher alors de sa famille, dont plusieurs membres habitaient à Paris. M. Marchai, député, administrateur en chef par intérim, n'hésita pas à lui accorder cette satisfaction, et, le 26 mai 1831, il le nomma inspecteur de la 1TM division de la ligne de Toulon, à la résidence de Paris. L'action de M. Morris ne tarda pas à se faire sentir sur le service de cette division : les fautes diminuèrent sensiblement, et le passage des signaux s'effectua en même temps avec plus de rapidité.
Le moment était arrivé où M. Morris devait obtenir la juste récompense de ses travaux. Le 2-1 septembre 1832, il fut nommé directeur suppléant du télégraphe et attache, pour son instruction, au cabinet des dépêches. Il faut avoir vécu dans ces temps de calme, pour comprendre la joie, l'émotion du fonctionnaire devant lequel s'ouvrait, pour la première fois, la porte du sanctuaire des dépêches. Peu de temps après, M. Morris fut chargé, au mois d'octobre 1832, d'une partie de la construction de la ligne aérienne de Nantes. Il s'acquitta de cette mission avec son activité habituelle. Ses travaux furent terminés promptement et même avant l'heure fixée par l'administration, qui réclamait d'urgence l'ouverture de cette ligne, à cause des événements qui se passaient alors en Bretagne. Au retour de cette mission, M. Morris fut appelé, à titre d'intérimaire, à la direction de Calais, qu'il a occupée ensuite pendant près de vingt ans, avec une grande distinction.
La direction de Calais était alors, par sa situation géographique.
tua poste d'une extrême importance. Placé sur la frontière, entre Londres et Paris, Calais était le centre auquel aboutissaient les dépêches télégraphiques échangées entre le gouvernement et l'ambassadeur français en Angleterre. Dans cette situation, et dans les circonstances délicates qui en devaient découler, la loyauté et la fidélité de M. Morris furent telles qu'on devait les attendre d'un fonctionnaire aussi intègre. Son dévouement à ses devoirs alla même plus loin. Vigilant autant que loyal fonctionnaire, il n'hésita pas à attirer l'attention de l'ambassadeur français à Londres, sur quelques particularités d'un grand intérêt, relativement à sa correspondance diplomatique. Une lettre, que la famille de M. Morris conserve comme un précieux héritage, contient le témoignage de la haute satisfaction de l'ambassadeur français à ce sujet.
M. Morris ne se contentait pas de remplir fidèlement ses devoirs de directeur à Calais. Son esprit actif et sans 'cesse préoccupé des intérêts du service, avait besoin de nouveaux aliments. Il consacra ses instants de loisir à changer et à perfectionner les bases du vocabulaire alors en usage. Plusieurs années furent employées à l'exécution de ce travail important, et, à la fin de 1837, il présentait un vocabulaire complet, fondé sur des phases nouvelles et ofirant, par sa méthode, son étendue et ses ressources, un grand avantage pour la composition et la traduction des dépêches. Des. témoignages de satisfaction lui furent alors adressés par le chef de l'administration, pour cette œuvre considérable. Le vocabulaire de M. Morris s'appliquait au système des deux obliques, question fondamentale qui divisait et passionnait, à cette époque, les meilleurs esprits de l'administration. Le système des deux obliques n'ayant point triomphé, malgré les puissantes autorités qui le défendaient, le travail de M. Morris resta sans emploi ; mais il servit à faire connaître l'esprit de méthode et de combinaison de son auteur.
La question du vocabulaire vidée, un autre objet avait attiré l'attention de M. Morris. Frappé des inconvénients qu'entraînaient pour la télégraphie aérienne la longueur des nuits et les circonstances atmosphériques, M. Morris travaillait dans le silence 4u cabinet à résoudre le grand problème de la télégraphia de nuit. Il avait, à cette fin, fait construire à ses frais un système de fanaux qui, attachés aux ailes du télégraphe, servaient à éclairer, la nuit, les signaux. Les premiers essais qu'il fit à Calais, entre deuv postes, confirmèrent toutes ses espérances de succès.
Dans le même temps, un savant médecin do Paris, M. le docteur Guyot, inventeur du gaz hydrogène liquide, proposait an gouvernement de faire application de ce combustible à l'éclairage des signaux télégraphiques. Il avait présenté en même temps un système particulier d'éclairage composé de quatre lanternes, dont deux à verres colorés, et qui s'adaptait parfaitement au mécanisme du télégraphe Chappe, qu'il avait étudié avec soin. A l'appui de son projet, M. Guyot publia, en 1840, un récit fort remarquable dans lequel il faisait valoir, avec beaucoup de force, les considérations qui paraissaient favorables au système1.
L'idée d'une télégraphie de nuit n'était pas neuve alors. Lakanal, dans son rapport du 26 juillet 1703, donne la description du système de nuit qui fut proposé à la même époque par l'inventeur môme de la télégraphie aérienne, Claude Chappe. D'autre» inventeurs, notamment M. de Saint-Haoucy, avaient aussi présenté des projets de télégraphie de nuit. Mais après des essais souvent renouvelés, l'expérience avait fait abandonner une entreprise contre laquelle étaient conjurés les vents, les lieux, les climats, les intempéries du temps, et les circonstances particulières à chaque poste. Admettant la possibilité d'établir un service de nuit régulier entre trois ou quatre postes, pouvait-on raisonnablement espérer d'obtenir la même régularité sur des lignes de 700 à 800 kilomètres, et composées de plus de cent postes tic système de M. Guyot avait, en outre, en lui-même un grave inconvénient. Ses lanternes, lestées par un liquide gazeux d'une grande iullaiurnubililé et d'une manipulation dangereuse, «le
1 Voir les pages 49 et 52 du Traité de Télégraphie électrique Je M. Uoiguo. Paris, 1852.
vaient, sur beaucoup de points, être suspendues au-dessus des clochers et autres édifices publics, sur lesquels étaient construits la plupart des postes. Était-il prudent d'introduire un produit aussi inflammable dans les postes, et de les faire manœuvrer sur des monuments quelquefois d'une grande valeur historique et religieuse? La conviction de l'administration était formée à cet égard. Mais la sagesse de ses observations ne put prévaloir contre les préjugés qui, dans les Chambres et ailleurs, s'étaient manifestés en faveur du système de M. Guyot. Un crédit de 20,000 francs fut voté en 1842, pour que des essais de télégraphie de nuit fussent exécutés sur une grande échelle, C'est alors que M. Morris intervint dans l'arène, en demandant à l'administration d'être admis à faire concurremment aveu M, Guyot l'essai d'un système de nuit, dont il était l'inventeur. Cette demande était trop légitime pour n'être pas agréée par l'administration. M. Morris fut alurs appelé à Parjs, où il so mit à l'œuvre avec une rare activité. Deux mois et demi lui suffirent pour faire confectionner, distribuer, placer le matériel nécessaire et pourvoir à l'instruction des employés de la ligne de Paris à Tours, sur laquelle devait être essayé son système. Une somme de 10,000 francs fut mise à cet effet à sa disposition. M. le dnr.teur Guyot, qui avait un crédit de -20,000 francs à dépenser, devait, de son côté, faire un essai sur la ligne de Paris à Dijon. Le 18 janvier 18-i3, les expériences eurent lieu, en présence d'une Commission de la Chambre des députés, réunie dans la grande tour du ministère de l'intérieur. Les procès-verbaux dressés à ce sujet constatent que plusieurs signaux furent échangés avec un égal succès sur les deux lignes, entre les postes extrêmes.
La télégraphie de nuit devait tomber comme une ombre devant l'éclat de |u télégraphie électrique, dont les journaux anglais commençaient alors à parler- Toujours attentif aux progrès de la science, M. Alphonse Foy, l'habile et respectable chef de l'administration en 18-43, prit la résolution de se rendre à cette époque en Angleterre, pour y étudier le nouveau système. Peu de jours lui suffirent pour comprendre, avec sa sûreté de coup d'œil, la
S
grande place que l'application de ce système devait occuper dans le monde et, à son retour, le télégraphe électrique était créée en France. Quelques jeunes fonctionnaires de bonne volonté se groupèrent autour de lui et l'aidèrent à jeter la semence de cet arbre merveilleux, qui étend aujourd'hui ses glorieux rameaux sur toute la surface de l'empire.
M. Morris ne fut pas des moins empressés à faire bon accueil à la télégraphie électrique. Il se mit sérieusement à l'étude. 11 travailla à discipliner, à former les anciens employés au nouveau système, et, quand la ligne de Calais fut ouverte, l'administration trouva des agents convenablement préparés et familiarisés avec la manipulation de l'appareil français.
L'établissement du télégraphe sous-marin à travers la Manche et le service des dépêches privées, qui devait en résulter pour les deux pays voisins, ouvrirent de nouveaux horizons à l'activité Je M. Morris. Il prêta à la Compagnie anglaise concessionnaire un concours toujours loyal, et souvent utile, pour l'atterrissement du câble au cap Grinez, et pour la conduite des fils dans la ville de Calais. La connaissance qu'il avait des lieux et sa présence continuelle à Calais furent alors d'un précieux secours. C'est à la suite de ces circonstances qu'il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Le câble posé, il fallait réglementer le service des. dépêches entre la France et l'Angleterre. Calais devait être naturellement choisi, comme le point intermédiaire où se ferait l'échange des dépêches entre les deux pays. Un service mixte y fut établi, représenté d'un côté par la direction française, et de l'autre par un bureau desservi par des agents de la Compagnie anglaise. M. Morris, en se guidant sur les instructions de l'administration, mit tous ses soins à jeter les bases de ce service d'échange. Cette situation de deux administrations parallèles et obéissant peut-être à des mobiles divers devait faire naître des difficultés, des incidents, des conflits. M. Morris maintint toujours avec une inflexible sévérité les droits du gouvernement et du public. Mais il succomba aux difficultés des circonstances, qu'il ne sut peut-être pas assez nager. Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans des détails ; is nous pouvons déclarer hautement que son caractère et sa isidération personnelle ne reçurent aucune atteinte du motif de disgrâce.
Appelé le 8 octobre 1853 à la direction de Clermont-Ferrand, . Morris, à la suite du décret d'organisation du 4 juin 1854, fut nommé à la direction principale de Marseille. Il passa ensuite à Ile d'Amiens, qui avait une circonscription fort étendue. Dans s deux postes importants, M. Morris a laissé la réputation d'un tef quelquefois exigeant, sévère aux autres comme à lui-même, tais dont l'autorité fut toujours tempérée par un grand fonds de leaveillance. Indulgent et rigide tout à la fois, il a su ramener lus la bonne voie par ses conseils, par son influence, beaucoup 'employés, qui, abandonnés à eux-mêmes, se seraient brisés outre les ccueils d'une jeunesse imprévoyante.
Nommé inspecteur général après le décret organique du 29 novembre 1858, M. Morris n'avait pas eu l'occasion d'exercer ses nouvelles fonctions, lorsqu'il fut chargé, au mois d'août dernier, d'aller inspecter la télégraphie d'Afrique. Il accepta cette mission avec courage, mais avec un sinistre pressentiment. Retenu dans sa chambre à Alger par un rhumatisme goutteux, M. Morris, avec la vivacité et l'ardeur de son caractère, s'indignait contre le mal qui l'empêchait d'entreprendre sa tournée d'inspection. C'est dans cette lutte incessante de sa volonté contre la maladie que la mort est venue le frapper comme un coup de foudre. Son fd.s, accouru en toute hâte auprès de lui, était arrivé à temps pour recevoir son dernier soupir, et pour lui rendre les derniers devoirs. Cette mort si soudaine, si imprévue, produisit une douloureuse impression parmi les fonctionnaires de l'ordre civil et militaire ii Alger. Un grand nombre d'entre eux voulurent l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure et rendre ainsi hommage au fonctionnaire supérieur, dont la bonté de cœur égalait les services. Le deuil était conduit par son fils, ancien élève de l'École polytechnique. Les cordons du poêle étaient tenus par M. Lovert, préfet d'Alger, M. le général Chauvin, commandant le génie, M. Mallarme, intendant militaire de la division, et M. Berrier-FoBtaBi inspecteur général des lignes télégraphiques. Au moment où la tombe allait se fermer sur le corps de M. Morris, M. Bourdon, ek duaservice télégraphique à Alger, prononça un discours toucham qui émut tous les assistants.
M. Morris laisse une nombreuse famille qu'il aimait tendre ment, et dont il était tendrement aimé. M. le directeur de l'administration, qui veille avec tant de sollicitude sur les intéréu ik tous, n'a pas voulu que les liens de la télégraphie avec cette estimable famille fussent brisés par la mort de son chef; sur .-i demande et par une faveur toute spéciale qui a obtenu l'appi» bation universelle, M. le ministre de l'intérieur a nommé ékn inspecteur des lignes télégraphiques le fils de M. Morris, «lève sorti de l'École polytechnique en 1839. Nous sommes assuré que le père aura dans le fils un digne et honorable successeur.
F. Boyer

Citation details: Page 652-662
Citation details: Tableau V
Text:

Inspecteur général des télégraphes

Birth of a brother
Prairial 26, An XII (June 15, 1804) (aged 2 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
Citation details: Tableau V
Text:

né à Rouen 83 rue d'Elbeuf le 24-4-1804
[erreur, il s'agit du 85]

Text:

Seules les tables décennales sont disponibles.

Citation details: 4E10053 Rouen - 23/09/1802-31/12/1812 - Rouen - Tables Décennales - Tables décennales - Concerne uniquement des naissances lettres H-Z (162/345)
Birth of a brother
July 6, 1807 (aged 5 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
Address: 85 rue d'Elbeuf
Citation details: Tableau V
Text:

né le 6 juillet 1807

Text:

Seules les tables décennales sont disponibles.

Citation details: 4E10053 Rouen - 23/09/1802-31/12/1812 - Rouen - Tables Décennales - Tables décennales - Concerne uniquement des naissances lettres H-Z (176/345)
Text:

Des registres de l'état civil de la mairie de Rouen pour l'an mil huit cent sept a été extrait ce qui suit :
Du mardi sept juillet mil huit cent sept, acte de naissance de Charles, né le jour d'hier à huit heures du matin, fils de Jean Edouard Morris, manufacturier rue d'Elbeuf n° 85, absent et de louise Cabeuil, mariés en cette ville, le trente ventôse de l'an huit, suivant déclaration faite ce jour par fresel commissaire de police du huitième arrondissement, lequel sexe a été par lui reconnu masculin, premier témoin Marie Joseph Dubocage, agé de trente ans vivant de son revenu rue des bons enfants n° 33, second témoin augustin Lainé, âgé de quarante quatre ans filateur rue d'Elbeuf n° 31, amis. Sur la déclaration à nous faite par M. Latour chirurgien rue Saint Sever n° 138 et ont signé lecture faite. Signé au registre Latour, M. J. Dubocage et Lainé. Constaté par moi adjoint au maire

Citation details: Extrait acte de naissance
Note: Cf. son acte de mariage.
Baptism of a brother
July 14, 1807 (aged 5 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
Address: Saint Yon
Education
August 11, 1818 (aged 16 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
School or college: Collège royal de Rouen
Citation details: 14 août 1818
Text:

Collège royal de Rouen
Classe de dessin
Têtes - deuxième classe
2ème Edouard Morris

Education
August 12, 1819 (aged 17 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
School or college: Collège royal de Rouen
Text:

Classes éémentaires
septième
Classe de dessin
Académie
2e prix Edouard Morris

Citation details: 12 aout 1819
Death of a paternal grandmother
April 29, 1825 (aged 22 years)
Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Latitude: 49.4414760352 Longitude: 1.09318612833
Citation details: Tableau VI
Text:

† à Rouen le 29-4-1825
Inhumés tous deux [elle et son mari] dans l'ancien cimetière, recouvert aujourd'hui par l'église st Clément de Rouen.

Citation details: 4 E 10073 Rouen - 01/01/1823-31/12/1832 - Rouen - Tables Décennales - Tables décennales - Concerne uniquement des décès (4/526)
Note: Décès noté dans les tables décennales mais le registre des décès de 1825 n'est pas disponible.
Marriage
July 28, 1834 (aged 32 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

épouse en 1833 Virginie Florimont

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1833-1842 (77/130)
Birth of a daughter
July 16, 1835 (aged 33 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

Marie Morris née le 16-7-1833
[erreur sur l'année en réalité 1835]

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1833-1842 (41/130)
Death of a father
November 29, 1837 (aged 35 years) Age: 65
Paris 7e, Paris, Île-de-France, France
Latitude: 48.8561051636 Longitude: 2.31254406306
Address: 29 rue St Dominique PARIS
Cause: Maladie d'entrailles
Informant: Charles Morris (aged 30 years) — son
Citation details: Tableau II
Text:

† à Paris 29 rue St Dominique le 29 novembre 1837.

Citation details: 5Mi1 1263 (43-45/51)
Text:

Arrondissement ancien 10è
Année 1837
Morris Jean Edouard
Décès 29 novembre

Text:

Cause: maladie d'entrailles

Note: Cf. acte de mariage de son fils Charles
Burial of a father
December 1, 1837 (aged 35 years)
Paris 14e, Paris, Île-de-France, France
Latitude: 48.8291473577 Longitude: 2.32698552913
Address: Cimetière de Montparnasse
Citation details: MTP_RJ18371837_01 1837 1837 (24/31)
Birth of a son
February 9, 1838 (aged 35 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

né en 1838

Text:

Né le 9 février 1838 - Calais, rue de la Citadelle

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1833-1842 (42/130)
Birth of a daughter
July 14, 1847 (aged 45 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

née le 14-7-1847

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1843-1852 (40/127)
Birth of a daughter
December 14, 1850 (aged 48 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

née en 1850

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1843-1852 (42/127)
Birth of a daughter
January 13, 1852 (aged 49 years)
Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Latitude: 50.9500651474 Longitude: 1.87611226111
Citation details: Tableau V
Text:

née en janvier 1852

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1843-1852 (41/127)
Death of a brother
Citation details: Tableau V
Text:

décédé à Villeneuve sous Dammartin le 12-2-1852

Text:

Document 5MI1381 ( 1844-1862 ) Image: fr_ad077_5mi1381_103.jpg

Citation details: 5MI1381 Naissances, mariages, décès. (1844-1862) (103/249)
Graduation
Type: Chevalier
January 1, 1853 (aged 50 years)
School or college: Légion d'honneur
Marriage of a daughter
Citation details: Tableau V
Text:

ép. le 15-5-1856 Sambourg

Death of a mother
May 3, 1859 (aged 56 years)
Caumont, Eure, Normandie, France
Latitude: 49.3596105697 Longitude: 0.832082294949
Citation details: Tableau II
Text:

Morte à Caumont le 3 mai 1859.

Citation details: NMD (1853-1862) (8 Mi 968) (262/417)
Death
Citation details: Tableau V
Text:

décédé le 21 octobre 1859
lors d'une mission à Alger

Family with parents
father
17721837
Birth: July 2, 1772 35 30 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: November 29, 1837Paris 7e, Paris, Île-de-France, France
mother
Louise de Cabeuil 1775-1859
17751859
Birth: November 23, 1775 39 23 La Rue-Saint-Pierre, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: May 3, 1859Caumont, Eure, Normandie, France
Marriage MarriageVentose 30, An VIIIRouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Civil marriage Civil marriageVentose 30, An VIIIBois-Guilbert, Seine-Maritime, Normandie, France
9 months
elder sister
Marie-Louise Morris an IX-1860
An IX1860
Birth: Nivose 5, An IX 28 25 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: May 12, 1860Paris 7e, Paris, Île-de-France, France
17 months
himself
An X1859
Birth: Prairial 7, An X 29 26 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: October 21, 1859Alger, Alger, Algérie
2 years
younger brother
An XII1852
Birth: Prairial 26, An XII 31 28 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: February 12, 1852Villeneuve-sous-Dammartin, Seine-et-Marne, Île-de-France, France
3 years
younger brother
Charles Morris 1807-1890
18071890
Birth: July 6, 1807 35 31 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: September 11, 1890Firenze, Florence, Toscane, Italie
Family with Virginie Louise Marie Florimont
himself
An X1859
Birth: Prairial 7, An X 29 26 Rouen, Seine-Maritime, Normandie, France
Death: October 21, 1859Alger, Alger, Algérie
wife
18171892
Birth: March 9, 1817 36 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: February 28, 1892Gournay-sur-Aronde, Oise, Hauts-de-France, France
Marriage MarriageJuly 28, 1834Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
1 year
daughter
Marie Morris 1835-1919
18351919
Birth: July 16, 1835 33 18 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: December 23, 1919
3 years
son
18381909
Birth: February 9, 1838 35 20 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: December 28, 1909Versailles, Yvelines, Île-de-France, France
10 years
daughter
18471873
Birth: July 14, 1847 45 30 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: September 1, 1873Lille, Nord, Hauts-de-France, France
4 years
daughter
Marguerite Morris 1850-1894
18501894
Birth: December 14, 1850 48 33 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: February 17, 1894Paris 7e, Paris, Île-de-France, France
13 months
daughter
Nina Morris 1852-1927
18521927
Birth: January 13, 1852 49 34 Calais, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Death: June 5, 1927
Birth
Citation details: Tableau V
Text:

Edouard-Jacques
né le 27 mai 1802

Citation details: 4 E 2267 Rouen - 22/03/1802-17/09/1802 - Rouen - Registres Etat Civil - Naissances (151/215)
Education
Citation details: 14 août 1818
Text:

Collège royal de Rouen
Classe de dessin
Têtes - deuxième classe
2ème Edouard Morris

Education
Text:

Classes éémentaires
septième
Classe de dessin
Académie
2e prix Edouard Morris

Citation details: 12 aout 1819
Marriage
Citation details: Tableau V
Text:

épouse en 1833 Virginie Florimont

Citation details: 3 E 394 - Tables décennales des naissances, mariages et décès. - 1833-1842 (77/130)
Occupation
Text:

Notice biographique Édouard Morris

Nous avons à enregistrer encore une perte cruelle que vient de faire l'administration des lignes télégraphiques, celle de M. Morris inspecteur général des lignes télégraphiques, mort subitement Alger, le 21 octobre dernier. M. Boyer a bien voulu se charger de rappeler la vie et les travaux de M. Morris, dans une notice qui sera accueillie avec reconnaissance par tous ceux qui l'ont connu
Par un arrêté ministériel en date du 16 novembre dernier M. Morris (Édouard), fils de l'inspecteur général dont nous venons d'annoncer la mort, a été nommé élève inspecteur des lignes télégraphiques. E.-E. Blavier
NOTICES BIOGRAPHIQUES.
M. MORRIS,
Inspecteur général des lignes télégraphiques.
Un de nos inspecteurs généraux les plus estimés, non moins distingué par l'élévation du caractère et la noblesse des sentiments que par la supériorité du grade, vient d'être enlevé, par une mort prématurée, à l'administration des lignes télégraphiques, qu'il avait longtemps honorée par de bons et loyaux services. Chargé d'aller inspecter, avec son collègue M. Berrier-Fontaine, la télégraphie d'Algérie, M. Morris avait à peine touché le sol d'Afrique, qu'il ressentit les premières atteintes du mal qui devait avoir un dénouement si prompt et si fatal. Débarqué le 20 septembre à Alger, il y succombait, le 21 octobre suivant, à une attaque d'apoplexie foudroyante, après plusieurs jours de souffrance.
Beaucoup d'employés, actuellement en activité, ont connu M. Morris. Les fonctions élevées qu'il avait remplies dans ces derniers temps, à Marseille et ensuite à Amiens, les deux centres les plus considérables des directions principales, lui avaient procuré l'occasion d'entrer en relation avec un grand nombre d'entre eux, chez lesquels son souvenir restera certainement respecté. Mais il n'appartient qu'à ceux de ses contemporains qui ont pu le suivre dans les diverses phases de sa longue et honorable carrière d'apprécier la valeur et l'importance de ses services. Uni d'amitié, pendant près de trente ans, avec M. Morris, nous considérons comme un devoir pieux à rendre à sa mémoire
de retracer ici les titres principaux qu'il a laissés à l'estime de ses collaborateurs.
M. Morris (Jacques-Édouard) était né à Rouen, le 27 mai 180», d'une famille honorable du commerce. Son père avait exercé pendant plusieurs années, sous le premier empire, les fonctions de président du collège électoral de l'un des cantons de Rouen. Peu de temps après sa sortie du lycée de cette ville, M. Morris fui nommé, le 1er avril 1823, surnuméraire inspecteur du télégraphe. Il apportait au service de l'administration les connaissances acquises par une bonne éducation, un grand sentiment de ses devoirs, et une vivacité de dévouement, que l'âge depuis n'avait pu refroidir. Il ajoutait à ces avantages une activité infatigable, une constitution robuste et beaucoup de force de corps, qualités qui avaient leur prix dans un temps ofi lés inspecteurs étaient soumis à de longues et pénibles tournées. MM les frères Chappe tenaient alors le gouvernail de l'administration des lignes télégraphiques dans leurs puissantes mains. L'ardeur de M. Morris, son application, la loyauté de son caractère, son énergie ne pouvaient manquer de leur convenir. Après un surnumérariat de plusieurs mois, il fut chargé, en 1825, successivement des fonctions d'inspecteur intérimaire sur la 1TM division de Brest et sur la 8' de Toulon. Il s'acquitta de ces deux intérims avec l'intelligence et l'exactitude qu'on devait attendre de lui. La récompense ne se fit pas longtemps désirer. Le 1" novembre 1825, il fut nommé inspecteur titulaire de la 6r division de la ligne de Toulon. Dans ces importantes fonctions* qui se rattachaient alors à de hautes questions scientifiques, par l'optique, la lumière, la réfraction, le mirage, la météorologie, la mécanique, la trigonométrie, et par d'autres points, M. Morris déploya toutes les ressources d'un esprit actif et infatigable. Par des tournées fréquentes et prolongées, il tenait sans cesse ses employés en haleine, et leur imprimait cette crainte salutaire qui était à culte époque la garantie du service des lignes. Mais hâtons-nous d'ajouter qu'à travers la sévérité du fonctionnaire se montrait toujours le naturel de l'homme bon et généreux. Le mérite respectif des divisions s'établissait
alors par le tableau comparatif des fautes de transmission provenant de chacune d'elles : signaux dénaturés, perdus ou introduit», tel était l'écueil dangereux qu'il fallait éviter. Grâce à sa vigilance et à l'autorité qu'il exerçait sur ses employés, M. Morris parvint toujours à maintenir sa division dans les premiers rangs, quant aux transmissions.
Le 1" septembre 1828, à la suite d'une grave maladie, il fut appelé à l'inspection de la 7e division de la ligne de Bayonne, qui s'étendait sur une partie des landes de cette contrée. Mais voulant donner un emploi plus utile à ses services, l'administration le nomma, le 1er mai 1830, à l'inspection de la A' division du la ligne de Toulon, avec mission expresse d'y rétablir l'ordre et la régularité que son prédécesseur avait peut-être trop négligés. Cette division, dont tous les postes avaient été établis sur des montagnes élevées du»Lyonnais, du Beaujolais et du Charolais, était d'un parcours difficile. L'élévation de ces postes, leur éloignement des habitations et diverses causes locales, qui mettaient souvent obstacle à la visibilité, en faisaient un objet de terreur pour les inspecteurs. Toutes ces difficultés ne purent triompher de l'activité de M. Morris, qui, en peu de temps, parvint à mettre le service sur un bon pied.
M. Morris occupait cette inspection, dont |p siège était à Lyon, quand éclatèrent à Paris les événements de juillet 1830. C'est ici le lieu de rappeler un acte de courage qui lui fit alors beaucoup d'honneur. Surexcitée par les événements qui se passaient à Paris, la population de Lyon s'était rassemblée en tumulte sur la place de l'hôtel de ville, dans lequel s'étaient renfermées les autorités civiles et militaires, et que défendait la force armée. Un conflit était sur le point d'éclater. Le piéton, porteur de la dépêche annonçant l'issue des événements, avait été plusieurs fois repoussé et menacé par la troupe, qui avait pour consigne de ne laisser pénétrer personne dans l'hôtel de ville, M. Morris s'empara alors de la dépêche et, s'ouvrant un passage à travers la foule jusqu'au commandant de la troupe, il lui déclara hautement qu'il le rendait responsable du sang qui pouvait être versé, s'il lui refusait l'entrée de l'hôtel de ville où l'appelait une mission des plus importantes. Après quelques instants d'hésitation, le commandant fit accompagner M. Morris par quatre soldats jusque dans la salle où étaient réunies les autorités, auxquelles il remit la dépêche annonçant la fin de la lutte et la proclamation de la lieutenance générale. Cette dépêche fit l'effet d'un coup de foudre. La nouvelle s'en répandit rapide comme l'éclair, et les mêmes hommes qui, l'instant avant, étaient sur le point de s'entre-tuer, s'embrassèrent fraternellement. Ce jour-là M. Morris avait rendu un grand service à la ville de Lyon.
Le but de M. Morris était de se rapprocher alors de sa famille, dont plusieurs membres habitaient à Paris. M. Marchai, député, administrateur en chef par intérim, n'hésita pas à lui accorder cette satisfaction, et, le 26 mai 1831, il le nomma inspecteur de la 1TM division de la ligne de Toulon, à la résidence de Paris. L'action de M. Morris ne tarda pas à se faire sentir sur le service de cette division : les fautes diminuèrent sensiblement, et le passage des signaux s'effectua en même temps avec plus de rapidité.
Le moment était arrivé où M. Morris devait obtenir la juste récompense de ses travaux. Le 2-1 septembre 1832, il fut nommé directeur suppléant du télégraphe et attache, pour son instruction, au cabinet des dépêches. Il faut avoir vécu dans ces temps de calme, pour comprendre la joie, l'émotion du fonctionnaire devant lequel s'ouvrait, pour la première fois, la porte du sanctuaire des dépêches. Peu de temps après, M. Morris fut chargé, au mois d'octobre 1832, d'une partie de la construction de la ligne aérienne de Nantes. Il s'acquitta de cette mission avec son activité habituelle. Ses travaux furent terminés promptement et même avant l'heure fixée par l'administration, qui réclamait d'urgence l'ouverture de cette ligne, à cause des événements qui se passaient alors en Bretagne. Au retour de cette mission, M. Morris fut appelé, à titre d'intérimaire, à la direction de Calais, qu'il a occupée ensuite pendant près de vingt ans, avec une grande distinction.
La direction de Calais était alors, par sa situation géographique.
tua poste d'une extrême importance. Placé sur la frontière, entre Londres et Paris, Calais était le centre auquel aboutissaient les dépêches télégraphiques échangées entre le gouvernement et l'ambassadeur français en Angleterre. Dans cette situation, et dans les circonstances délicates qui en devaient découler, la loyauté et la fidélité de M. Morris furent telles qu'on devait les attendre d'un fonctionnaire aussi intègre. Son dévouement à ses devoirs alla même plus loin. Vigilant autant que loyal fonctionnaire, il n'hésita pas à attirer l'attention de l'ambassadeur français à Londres, sur quelques particularités d'un grand intérêt, relativement à sa correspondance diplomatique. Une lettre, que la famille de M. Morris conserve comme un précieux héritage, contient le témoignage de la haute satisfaction de l'ambassadeur français à ce sujet.
M. Morris ne se contentait pas de remplir fidèlement ses devoirs de directeur à Calais. Son esprit actif et sans 'cesse préoccupé des intérêts du service, avait besoin de nouveaux aliments. Il consacra ses instants de loisir à changer et à perfectionner les bases du vocabulaire alors en usage. Plusieurs années furent employées à l'exécution de ce travail important, et, à la fin de 1837, il présentait un vocabulaire complet, fondé sur des phases nouvelles et ofirant, par sa méthode, son étendue et ses ressources, un grand avantage pour la composition et la traduction des dépêches. Des. témoignages de satisfaction lui furent alors adressés par le chef de l'administration, pour cette œuvre considérable. Le vocabulaire de M. Morris s'appliquait au système des deux obliques, question fondamentale qui divisait et passionnait, à cette époque, les meilleurs esprits de l'administration. Le système des deux obliques n'ayant point triomphé, malgré les puissantes autorités qui le défendaient, le travail de M. Morris resta sans emploi ; mais il servit à faire connaître l'esprit de méthode et de combinaison de son auteur.
La question du vocabulaire vidée, un autre objet avait attiré l'attention de M. Morris. Frappé des inconvénients qu'entraînaient pour la télégraphie aérienne la longueur des nuits et les circonstances atmosphériques, M. Morris travaillait dans le silence 4u cabinet à résoudre le grand problème de la télégraphia de nuit. Il avait, à cette fin, fait construire à ses frais un système de fanaux qui, attachés aux ailes du télégraphe, servaient à éclairer, la nuit, les signaux. Les premiers essais qu'il fit à Calais, entre deuv postes, confirmèrent toutes ses espérances de succès.
Dans le même temps, un savant médecin do Paris, M. le docteur Guyot, inventeur du gaz hydrogène liquide, proposait an gouvernement de faire application de ce combustible à l'éclairage des signaux télégraphiques. Il avait présenté en même temps un système particulier d'éclairage composé de quatre lanternes, dont deux à verres colorés, et qui s'adaptait parfaitement au mécanisme du télégraphe Chappe, qu'il avait étudié avec soin. A l'appui de son projet, M. Guyot publia, en 1840, un récit fort remarquable dans lequel il faisait valoir, avec beaucoup de force, les considérations qui paraissaient favorables au système1.
L'idée d'une télégraphie de nuit n'était pas neuve alors. Lakanal, dans son rapport du 26 juillet 1703, donne la description du système de nuit qui fut proposé à la même époque par l'inventeur môme de la télégraphie aérienne, Claude Chappe. D'autre» inventeurs, notamment M. de Saint-Haoucy, avaient aussi présenté des projets de télégraphie de nuit. Mais après des essais souvent renouvelés, l'expérience avait fait abandonner une entreprise contre laquelle étaient conjurés les vents, les lieux, les climats, les intempéries du temps, et les circonstances particulières à chaque poste. Admettant la possibilité d'établir un service de nuit régulier entre trois ou quatre postes, pouvait-on raisonnablement espérer d'obtenir la même régularité sur des lignes de 700 à 800 kilomètres, et composées de plus de cent postes tic système de M. Guyot avait, en outre, en lui-même un grave inconvénient. Ses lanternes, lestées par un liquide gazeux d'une grande iullaiurnubililé et d'une manipulation dangereuse, «le
1 Voir les pages 49 et 52 du Traité de Télégraphie électrique Je M. Uoiguo. Paris, 1852.
vaient, sur beaucoup de points, être suspendues au-dessus des clochers et autres édifices publics, sur lesquels étaient construits la plupart des postes. Était-il prudent d'introduire un produit aussi inflammable dans les postes, et de les faire manœuvrer sur des monuments quelquefois d'une grande valeur historique et religieuse? La conviction de l'administration était formée à cet égard. Mais la sagesse de ses observations ne put prévaloir contre les préjugés qui, dans les Chambres et ailleurs, s'étaient manifestés en faveur du système de M. Guyot. Un crédit de 20,000 francs fut voté en 1842, pour que des essais de télégraphie de nuit fussent exécutés sur une grande échelle, C'est alors que M. Morris intervint dans l'arène, en demandant à l'administration d'être admis à faire concurremment aveu M, Guyot l'essai d'un système de nuit, dont il était l'inventeur. Cette demande était trop légitime pour n'être pas agréée par l'administration. M. Morris fut alurs appelé à Parjs, où il so mit à l'œuvre avec une rare activité. Deux mois et demi lui suffirent pour faire confectionner, distribuer, placer le matériel nécessaire et pourvoir à l'instruction des employés de la ligne de Paris à Tours, sur laquelle devait être essayé son système. Une somme de 10,000 francs fut mise à cet effet à sa disposition. M. le dnr.teur Guyot, qui avait un crédit de -20,000 francs à dépenser, devait, de son côté, faire un essai sur la ligne de Paris à Dijon. Le 18 janvier 18-i3, les expériences eurent lieu, en présence d'une Commission de la Chambre des députés, réunie dans la grande tour du ministère de l'intérieur. Les procès-verbaux dressés à ce sujet constatent que plusieurs signaux furent échangés avec un égal succès sur les deux lignes, entre les postes extrêmes.
La télégraphie de nuit devait tomber comme une ombre devant l'éclat de |u télégraphie électrique, dont les journaux anglais commençaient alors à parler- Toujours attentif aux progrès de la science, M. Alphonse Foy, l'habile et respectable chef de l'administration en 18-43, prit la résolution de se rendre à cette époque en Angleterre, pour y étudier le nouveau système. Peu de jours lui suffirent pour comprendre, avec sa sûreté de coup d'œil, la
S
grande place que l'application de ce système devait occuper dans le monde et, à son retour, le télégraphe électrique était créée en France. Quelques jeunes fonctionnaires de bonne volonté se groupèrent autour de lui et l'aidèrent à jeter la semence de cet arbre merveilleux, qui étend aujourd'hui ses glorieux rameaux sur toute la surface de l'empire.
M. Morris ne fut pas des moins empressés à faire bon accueil à la télégraphie électrique. Il se mit sérieusement à l'étude. 11 travailla à discipliner, à former les anciens employés au nouveau système, et, quand la ligne de Calais fut ouverte, l'administration trouva des agents convenablement préparés et familiarisés avec la manipulation de l'appareil français.
L'établissement du télégraphe sous-marin à travers la Manche et le service des dépêches privées, qui devait en résulter pour les deux pays voisins, ouvrirent de nouveaux horizons à l'activité Je M. Morris. Il prêta à la Compagnie anglaise concessionnaire un concours toujours loyal, et souvent utile, pour l'atterrissement du câble au cap Grinez, et pour la conduite des fils dans la ville de Calais. La connaissance qu'il avait des lieux et sa présence continuelle à Calais furent alors d'un précieux secours. C'est à la suite de ces circonstances qu'il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Le câble posé, il fallait réglementer le service des. dépêches entre la France et l'Angleterre. Calais devait être naturellement choisi, comme le point intermédiaire où se ferait l'échange des dépêches entre les deux pays. Un service mixte y fut établi, représenté d'un côté par la direction française, et de l'autre par un bureau desservi par des agents de la Compagnie anglaise. M. Morris, en se guidant sur les instructions de l'administration, mit tous ses soins à jeter les bases de ce service d'échange. Cette situation de deux administrations parallèles et obéissant peut-être à des mobiles divers devait faire naître des difficultés, des incidents, des conflits. M. Morris maintint toujours avec une inflexible sévérité les droits du gouvernement et du public. Mais il succomba aux difficultés des circonstances, qu'il ne sut peut-être pas assez nager. Il ne nous appartient pas d'entrer ici dans des détails ; is nous pouvons déclarer hautement que son caractère et sa isidération personnelle ne reçurent aucune atteinte du motif de disgrâce.
Appelé le 8 octobre 1853 à la direction de Clermont-Ferrand, . Morris, à la suite du décret d'organisation du 4 juin 1854, fut nommé à la direction principale de Marseille. Il passa ensuite à Ile d'Amiens, qui avait une circonscription fort étendue. Dans s deux postes importants, M. Morris a laissé la réputation d'un tef quelquefois exigeant, sévère aux autres comme à lui-même, tais dont l'autorité fut toujours tempérée par un grand fonds de leaveillance. Indulgent et rigide tout à la fois, il a su ramener lus la bonne voie par ses conseils, par son influence, beaucoup 'employés, qui, abandonnés à eux-mêmes, se seraient brisés outre les ccueils d'une jeunesse imprévoyante.
Nommé inspecteur général après le décret organique du 29 novembre 1858, M. Morris n'avait pas eu l'occasion d'exercer ses nouvelles fonctions, lorsqu'il fut chargé, au mois d'août dernier, d'aller inspecter la télégraphie d'Afrique. Il accepta cette mission avec courage, mais avec un sinistre pressentiment. Retenu dans sa chambre à Alger par un rhumatisme goutteux, M. Morris, avec la vivacité et l'ardeur de son caractère, s'indignait contre le mal qui l'empêchait d'entreprendre sa tournée d'inspection. C'est dans cette lutte incessante de sa volonté contre la maladie que la mort est venue le frapper comme un coup de foudre. Son fd.s, accouru en toute hâte auprès de lui, était arrivé à temps pour recevoir son dernier soupir, et pour lui rendre les derniers devoirs. Cette mort si soudaine, si imprévue, produisit une douloureuse impression parmi les fonctionnaires de l'ordre civil et militaire ii Alger. Un grand nombre d'entre eux voulurent l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure et rendre ainsi hommage au fonctionnaire supérieur, dont la bonté de cœur égalait les services. Le deuil était conduit par son fils, ancien élève de l'École polytechnique. Les cordons du poêle étaient tenus par M. Lovert, préfet d'Alger, M. le général Chauvin, commandant le génie, M. Mallarme, intendant militaire de la division, et M. Berrier-FoBtaBi inspecteur général des lignes télégraphiques. Au moment où la tombe allait se fermer sur le corps de M. Morris, M. Bourdon, ek duaservice télégraphique à Alger, prononça un discours toucham qui émut tous les assistants.
M. Morris laisse une nombreuse famille qu'il aimait tendre ment, et dont il était tendrement aimé. M. le directeur de l'administration, qui veille avec tant de sollicitude sur les intéréu ik tous, n'a pas voulu que les liens de la télégraphie avec cette estimable famille fussent brisés par la mort de son chef; sur .-i demande et par une faveur toute spéciale qui a obtenu l'appi» bation universelle, M. le ministre de l'intérieur a nommé ékn inspecteur des lignes télégraphiques le fils de M. Morris, «lève sorti de l'École polytechnique en 1839. Nous sommes assuré que le père aura dans le fils un digne et honorable successeur.
F. Boyer

Citation details: Page 652-662
Citation details: Tableau V
Text:

Inspecteur général des télégraphes

Death
Citation details: Tableau V
Text:

décédé le 21 octobre 1859
lors d'une mission à Alger